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Furieuses Fallopes
7 février 2007

samedi 17 février à 14h30 : Appel des féministes indigènes et Réunion publique

Sous le Haut Marrainage de Solitude, héroïne de la révolte des esclaves
guadeloupéens contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon, de
Jamila Bouhired, révolutionnaire algérienne et de nos mères immigrées

Appel des Féministes Indigènes

Personnalités politiques, intellectuel-le-s, féministes, représentants
institutionnels... en France, se penchent avec humanisme et compassion
sur le sort des femmes issues de l'immigration post-coloniale que NOUS sommes.
Ils nous encouragent à nous émanciper, à nous défaire de notre état de
nature, ou, pour les plus évoluées d'entre nous, de notre état de sous-culture.
Ils nous protégent contre nos maris, nos pères et nos frères supposés
culturellement violents, violeurs et voileurs. Ils sont les boucliers
sans lesquels nous sommes vouées à demeurer soumises, mariées de force à des
brutes, excisées..., et peut-être même lapidées. De leur vigilance zélée dépend
notre libération. Ils parlent en notre nom. Pour notre bien...

Messieurs-Dames, le Collectif des Féministes Indigènes a le plaisir de
vous annoncer la fin de la comédie. Il vous prie de ravaler vos larmes et de
remballer vos bons sentiments.

Ce discours néocolonial et paternaliste est une VIOLENCE que nous
n’acceptons plus.

Nous refusons la dépossession et l'instrumentalisation de nos luttes.
Nous refusons catégoriquement que des personnes non concernées par des
discriminations racistes et sexistes parlent en notre nom. Comme nous
refusons le discours stigmatisant et essentialisant des femmes issues de
l’immigration, qui prêtent leurs voix au discours dominant, structurellement raciste
et opportunément féministe. Parler à notre place, c’est nous spolier de
nos vies, nous déposséder de nos parcours et de notre vision du monde. C’est
aussi saboter nos luttes quotidiennes.
Nous ne sommes pas dupes de cette instrumentalisation qui fait de nous
des victimes idéales.
Les discours dominants à la fois racistes et sexistes confisquent notre
parole, réduisent notre complexité, nient nos résistances. Ces procédés
s’enracinent dans les systèmes esclavagistes et coloniaux qui, déjà,  contraignaient
les femmes à une double expropriation de leur corps (à la fois, force de
travail et objet sexuel). Nos mères, loin des stéréotypes du féminisme blanc, ont
toujours su résister. Nous résistons.

Notre démarche est féministe, spécifiquement indigène…
Nous, en tant que femmes vivant en France,  héritons des acquis des
luttes des féministes françaises. Mais en tant que femmes racialisées, nous
remettons en question les diktats de l'universalisme blanc et masculin et du
féminisme blanc qui dénient toutes autres visions du monde ou vécus. Le féminisme
occidental n’a pas le monopole de la résistance à la domination masculine.
Nous refusons les présupposés idéologiques selon lesquels le féminisme
serait incompatible avec la foi religieuse, notamment en portant et défendant
la parole féministe des femmes croyantes. Nous assumons et revendiquons
nos identités plurielles, aux contours variables faites aussi de
contradictions et d’imperfections.
Nous refusons l’injonction à la déloyauté envers les nôtres avec tous
les sacrifices que cela suppose : rupture familiale, guerre et concurrence
des sexes, mise à distance de nos cultures chaque jour mises en accusation.
Nous interpellons nos communautés et l'ensemble de la société. Nous
dénonçons et nous nous battons contre les systèmes d'oppression. Nous ne voulons pas
"conscientiser" les femmes issues de l’immigration, dont nous sommes,
ni les juger sur des critères "d'émancipation" subjectifs. Chaque femme est en
droit de choisir son mode de vie en continuité, en composition ou en rupture
avec sa culture, sa tradition ou sa religion.
Nous revendiquons l’autonomie de nos luttes et de nos trajectoires.

…et anti-impérialiste
Nous exigeons désormais des mouvements politiques occidentaux qui
pensent les rapports Nord/Sud qu’ils cessent d’ignorer les conséquences de
l’impérialisme et du libéralisme dans le maintien et le renforcement des systèmes
patriarcaux.
Nous considérerons désormais comme anti-féministe toute solidarité avec
les femmes du sud qui n’intègre pas le rapport étroit entre patriarcat et
impérialisme.

Nous exigeons une égalité réelle
Dans notre société, racisme et sexisme sont intimement imbriqués. Nous
subissons des oppressions de classe, de genre et de néo-indigénat qui se
renforcent mutuellement . Notre parole est seule légitime pour faire état de la
réalité de ces oppressions croisées. Cette parole est radicalement anti-raciste et
anti-sexiste. Nous n’établissons pas de priorité entre ces luttes
intrinsèquement liées. Nous dénonçons catégoriquement toutes les
violences sexistes et racistes que nous subissons quelles qu'elles soient et d'où
qu'elles viennent. Nous ne tairons pas notre combat féministe sous
prétexte que la lutte anti-raciste est prioritaire. De la même façon nous ne tairons
pas notre combat anti-raciste pour servir de relais, au nom d'un
pseudo-féminisme à la diabolisation des noir-e-s, des arabes, des musulman-e-s et d’autres
populations stigmatisées racialement.
Nous refusons d’être l’enjeu de la concurrence et de la bataille que se
livrent le patriarcat des dominés et celui des dominants.
Par conséquent, nous nous inscrivons dans ce féminisme paradoxal afin
de ne plus jamais être le cheval de Troie de la suprématie blanche ou les
traîtresses à l’ordre communautaire.

C'est à ce prix que l'on pourra se battre contre les représentations
coloniales, indigénisantes et folklorisantes des femmes noires, arabes et
musulmanes, véhiculées dans les discours dominants, les politiques publiques et les
espaces médiatiques. C'est ainsi que l'on pourra casser les stéréotypes de la
beurette, de la maman-nourricière et infantilisée, de la musulmane manipulée ou
de l'africaine exotique.


Dans une société "francepaysdesdroitsdel'homme", structurellement
inégalitaire et patriarcale, NOUS, descendantes de colonisé-e-s et d’immigré-e-s
lançons un appel aux femmes et aux féministes qui s’estiment victimes de violences
sexistes et racistes à nous rejoindre en vue de contribuer à l’émergence et
à la construction d’une parole FEMINISTE POLITIQUE, égalitaire et
autonome qui interpelle l’ensemble de la société française dans sa gestion des
questions concernant les femmes venues ou vivant dans les pays du sud.

Venez partager notre réflexion lors d’une réunion publique organisée en
coopération avec La Maison Verte.
ouverte à toutes et à tous
le samedi 17 février à 14h30
127 rue Marcadet
75018
M°Lamarck ou Jules Joffrin

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